Le budget des EHPAD de Quimper Bretagne Occidentale a été voté vendredi 12 avril, avec un déficit structurel inédit de 1.6 millions d’euros. Le Conseil d’administration du Centre intercommunal d’action sociale (CIAS) alerte sur la situation et appelle l’Etat au travers de l’Agence régionale de santé (ARS) et le Conseil départemental à mener d’urgence une réflexion sur les modèles financiers des EHPAD pour garantir une prise en charge pérenne et satisfaisante des personnes âgées sur le territoire.
« 85 % des Ephad publics enregistrent un déficit en 2023. La situation est inédite et alarmante. Il y a urgence à repenser les modèles financiers des EHPAD pour garantir la qualité d’accueil de nos séniors. Nous ne voterons pas de tels budgets en 2025. ». La position du Conseil d’administration du CIAS est unanime : il demande la refonte du modèle financier des EHPAD.
Des dépenses qui augmentent face à des recettes en berne
Le contexte inflationniste entraine une hausse des denrées alimentaires, des coûts de l’énergie et des produits d’hygiène notamment. Par ailleurs, les charges relatives au personnel ont également augmenté, en lien avec le recours à l’intérim pour pallier les difficultés de recrutement dans ce secteur, ou avec les revalorisations salariales. Enfin, le coût du relogement de l’EHPAD Coat-Kerhuel, incendié en juin 2022, représente un déficit de 700 000 euros, soit près de la moitié du déficit annuel du CIAS.
Face à ce constat, les EHPAD se sont pourtant mobilisés pour contenir ce phénomène :
Un engagement fort pour un service de qualité
Pour autant, tous ces efforts ne suffisent pas à équilibrer la situation financière des EHPAD de Quimper Bretagne Occidentale. Dans un contexte de vieillissement démographique, le Conseil d’administration déplore :
Pour toutes ces raisons, le Conseil d’administration du Centre intercommunal d’action sociale (CIAS) appelle à une réflexion globale et rapide sur le financement des EHPAD.
Pour mémoire, un voeu avait été adopté, à l’unanimité, en conseil communautaire le 28 septembre 2023. Ce dernier pointait, d’une part, la nécessité de débloquer des mesures d’urgence pour que les établissements puissent sortir la tête de l’eau et d’autre part, l’urgence à bâtir une réforme structurelle solide et durable accompagnée de moyens conséquents à la hauteur du défi sociétal.
Isabelle Assih, présidente de Quimper Bretagne Occidentale et présidente du CIAS, avait également interpelé en ce sens Aurore Bergé, alors ministre des solidarités, lors de sa visite à Quimper en novembre 2023. Des propositions concrètes avaient notamment été formulées.
Depuis, le Parlement a adopté une loi pour le « bien-vieillir » en mars 2024 qui ne répond pas aux difficultés actuelles des EHPAD. Une hausse de 5 % du financement de l’Etat aux Ephad publics et associatifs a été annoncée par la ministre déléguée aux personnes âgées (soient 650 millions d’euros à l’échelle nationale).
« A ce stade, si ce premier pas est à saluer, les inquiétudes restent vives : on écope à la petite cuillère ! C’est d’une loi de programmation financière pluriannuelle sur le grand âge dont nous avons besoin. Je rappelle que dix milliards d’euros sont à dégager d’ici 2030, pour prendre en charge dignement la population. Nous ne sommes pas structurés pour pouvoir répondre à cette évolution démographie, quand en 2050 un Finistérien sur cinq aura plus de 75 ans (contre un sur dix en 2020). De son côté, Quimper Bretagne Occidentale, dans le cadre de ses compétences, rappelle son engagement plein et entier pour garantir un accueil de qualité des résidents, à la hauteur des attentes des familles et de la confiance qu’elles accordent à l’Agglomération. Tous les moyens seront mis en oeuvre pour pérenniser ce service, rendu possible grâce au professionnalisme et à l’engagement des équipes mobilisés pour les résidents », insiste Isabelle Assih, présidente de Quimper Bretagne Occidentale et maire de Quimper.