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Didier Lapène, Un belvédère sur la mer

Didier Lapène, Un belvédère sur la mer

Didier Lapène, Un belvédère sur la mer Matin 1, 2018-2019. 114 x 162 cm
Le 07/07/2022 • Mis à jour le 07/07/2022 | 09h28

Ancien élève de l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris, Didier Lapène a complété cette formation renommée en bénéficiant d’un important séjour à la Casa Velázquez de Madrid. Fort d’une connaissance éprouvée du métier de peintre, il a développé une approche du paysage originale et libérée des contingences formelles de notre époque. Renouant avec l’ambition des artistes abonnés au pleinairisme, il pose régulièrement son chevalet devant le motif et décline en de multiples études les vastes panoramas qu’il ambitionne de décrire. Attiré par les espaces marins qui bordent la côte basque jusqu’aux dunes de la mer du nord, Didier Lapène a entamé depuis plusieurs années un travail important en Bretagne. Fasciné par l’horizon immense qui se déploie au large des côtes de Camaret, il exerce son art avec patience et ténacité, recherchant selon la formule célèbre de Cézanne, « la petite sensation », qui transfigure la réalité du paysage. Guidé par les sites de cette célèbre avancée de la presqu’île de Crozon, Didier Lapène a ainsi composé une extraordinaire partition colorée qui entremêle falaises rocheuses, plages ourlées ou vertes prairies dévalant vers l’océan.

Durant tout l’été 2022, le musée des Beaux-Arts rassemblera plus de cent vingt œuvres inédites, véritable somme d’une quête picturale qui ravive aussi le souvenir de quelques illustres aînés comme Camille Corot, Eugène Boudin ou Paul Signac.

Kornôg

Depuis plusieurs années, Didier Lapène ausculte patiemment les confins de la presqu’île de Crozon, heureux d’avoir découvert l’escale rêvée de tout peintre souhaitant affermir l’art du paysage. Son choix, loin de paraître dicté par le hasard, découle d’une connaissance fine d’un petit nombre d’ingrédients nécessaires à l’épanouissement du regard. Aux abords de Camaret, la côte déroule des espaces sauvages, alternant falaises rugueuses et longues plages avec pour frontière la solitude immense de la mer d’Iroise. Et puis, partout, un ciel toujours différent qui raconte les passages des saisons comme les humeurs du temps, suscitant chez l’artiste la prescience d’une harmonie naturelle qui est aussi un éternel recommencement.

Didier Lapène appartient à cette génération d’artistes indépendants qui échappe aux classifications sommaires. Ainsi que les peintres de l’école de Barbizon l’avaient pressenti, il travaille à la représentation du visible afin d’en mieux saisir les formes impalpables, conscient d’une vie intérieure qui irrigue de secrètes présences : murmure de l’air, palpitation de l’eau, reflets des rayons solaires, effets ouatés de la brume, bruissement des grains de sable, entrechoquement des galets…

Les rivages de Camaret subliment les atouts de cet Ouest breton qui a retenu tant de peintres fascinés par une qualité de lumière à nulle autre pareille. C’est l’assurance de découvrir un paysage immuable habité par le théâtre de l’éphémère climatique !

Le proche et le lointain

Quand on aborde un monde inconnu, il est important de cheminer le long des nombreux lieux-dits qui égrènent son relief. Il faut s’armer de patience, accepter de s’imprégner d’une toponymie qui signale la frontière des terres émergées, découvrir les petits noms dont sont immanquablement affublées roches et falaises zoomorphes et finalement se laisser emporter par la stimulante idée que chaque approche peut connaître un développement considérable.

En éprouvant les charmes de cette déambulation vagabonde, Didier Lapène a progressivement élaboré un abécédaire des rivages de Camaret, son abécédaire. Le désir d’embrasser la variété des points de vue s’est ainsi ordonné autour d’un regard sélectif. Dès lors, l’intervention du peintre s’est manifestée, une fois dépassée l’euphorie de la découverte, par un processus de simplification, presque de dépouillement des attraits trop anecdotiques du paysage. Ce travail de « synthèse » rejoignait une nécessité matérielle qui, loin d’être un obstacle, peut stimuler au contraire les partis-pris : le format de la toile et l’obligation de délimiter son sujet obligent à moduler l’étendue du paysage, à rechercher l’équilibre parfait entre le ciel, la mer et les terres émergées. Selon l’angle d’approche, la composition devra être resserrée sur une forme massive (par exemple la falaise de l’Hippopotame) ou, au contraire, dilatée vers l’infini de l’horizon marin. Dans ce cas, les champs de dunes qui s’affaissent paisiblement vers le large (comme sur les étendues de la plage de Pen Hat) offrent un assemblage de plans qui n’aura pas manqué de stimuler Didier Lapène. L’immensité de l’espace peut aussi épouser la courbe d’une anse et s’adosser aux lumineuses falaises de Goulien. Guidé par les pinceaux de l’artiste, les occasions de ressentir l’ampleur du paysage côtier de Camaret semblent ainsi inépuisables.

A l’opposé, les vues rapprochées concentrent l’attention sur le motif, le plus souvent, des extrémités rocheuses massives, et renouent avec la formule initiée par les impressionnistes : peindre un même sujet en modifiant sa perception par le seul jeu des accords de couleurs.

Ce sont aussi ces œuvres « sérielles », dont beaucoup prennent la forme d’études très poussées, qui rendent palpables un cheminement qui peut osciller entre tentations abstraites et jaillissement du paysage.

Pratiquement tous les paysages peints par Didier Lapène, lors de ses séjours à Camaret, sont habités par une présence essentielle : la présence compacte ou éthérée des nuages. Privilèges des climats océaniques, les nuages sont une composante nécessaire à l’équilibre de ses compositions. Ce sont eux qui transmettent une vitalité placide ou mouvementée à ces espaces marins. Filamenteux, bombés, transparents, ombreux, menaçants, chatoyants ou radieux, ils rythment ses toiles et diffusent une sorte de vie en concentré qui ouvre sur l’infini. La réalité prosaïque des formes du paysage s’estompe au profit de la sensation et de la fluidité. En cela, Didier Lapène réconcilie à nouveau le meilleur de l’approche impressionniste avec une pratique contemporaine qui s’affranchit de la notion d’école ou de style : où comment aborder le monde de la représentation en cultivant aussi le plaisir de peindre !

Irisations marines

Partout, la rumeur assourdie ou insistante de la mer d’Iroise se propage dans les tableaux de Didier Lapène. Qu’importe les dimensions de la toile ou la précision du rendu, la mer est omniprésente, elle qui façonne depuis toujours ce monde de l’extrême.

Quelques indices suffisent à souligner sa présence : nappes d’eau découvertes par l’estran, vagues ourlées d’écume blanche expirant sur les grèves, les nuances sont infinies et donnent à la palette du peintre l’occasion de découvrir toute sa prodigalité.

L’appel des couleurs est immédiat, presque compulsif. Les premiers accords ne sont devancés par aucun dessin préparatoire. Dans ce travail préliminaire, il n’est pas de place pour le tâtonnement du fusain ou du crayon noir… ni pour la monochromie. Le jaillissement du sujet résulte d’une combinaison de trois ou quatre teintes qui, rapidement, structurent la toile. Passé cette étape, arrive le moment du délassement ou de la vraie difficulté : vêtir et accompagner ces premières couleurs d’un habit qui les exalte : demi-teintes, nouvelles teintes, Didier Lapène est passé maître dans le choix et la recherche de pigments aux noms rares et évocateurs. Il faut l’entendre parler de ces univers contenus dans un tube, de ces innombrables blancs, du jaune de mars, du vert émeraude, du bleu maya, du bleu céruléum, si nécessaires à l’évocation de l’onde marine. Sans doute, ces dernières couleurs permettent-elle d’approcher le mystère d’une teinte qui hésite entre le bleu et le vert et pour laquelle la Bretagne a créé le mot Glaz.

La mer offre un champ d’études inépuisable pour tout coloriste qui sait en capter les miroitements, la profondeur ou les étendues étales. Suivre le mouvement des pinceaux de l’artiste, c’est également participer à cette quête de l’éblouissement que provoque le rayonnement solaire sur l’océan. La diffraction de la lumière sur l’eau passe par des solutions variées, depuis de simples bandes rehaussées d’un ton éclairci jusqu’à l’apparition de touches divisées. Cet usage des touches divisées qui rappelle les réussites de la peinture néo-impressionniste garde, toutefois, une grande souplesse. Nulle contrainte ni caractère systématique dans l’application de ce procédé que Didier Lapène ravive avec aisance. De nombreuses toiles décrivent cette mer placide ou palpitante avec des touches serrées ou larges, sages ou tourmentées... Surtout, le clapotement de l’eau semble parfois accompagner la réverbération lumineuse qui se disperse au gré de la décoloration des rayons. Monde mouvant, monde vivant, l’artiste exalte les mirages d’une mer qui se dérobe à la monotonie.

Didier LAPÈNE

Né le 20 mai 1964 à Aureilhan, Hautes-Pyrénées
Vit et travaille à Biarritz et Paris
Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dans l'atelier de Pierre Carron.
1994 : Résident au château de Lourmarin
1996 : Résident à la ferme Saint Siméon, Honfleur
2001: Grand prix de portrait Paul Louis Weiller 2002-2004 Pensionnaire à la Casa de Velazquez, Madrid

Collections publiques

  • Musée Bonnat, Bayonne
  • Ambassade de France à Madrid

Musée des Beaux-Arts de Pau
Collection Royale de Suède
Lycée français de Chicago

Expositions individuelles

  • 1992-1996
    Galerie Philippe Frégnac, Paris
    Galerie CROUS Beaux-Arts, Paris
    Galerie la Règle d'Or, Paris
    Galerie Etienne de Causans, Paris
    Galerie Samedi, Montfort l'Amaury
  • 1998
    Le Carré - Musée Bonnat, Bayonne
  • 1999
    Galerie Visconti, Paris
  • 2000
    Ciudadela Polvorin, Pampelune, Espagne
  • 2001-2007
    Galerie Francis Barlier, Paris Galerie Visconti, Paris
  • 2006
    Musée de Guéthary
    Axelle Fine Arts Galerie, New York
  • 2008
    Le Carré - Musée Bonnat, Bayonne
  • 2009
    Musée des Beaux-Arts de Pau
  • 2010
    Studio d'arte interno 11, Bologne, Italie
  • 2011-2013-2016
    Galerie Francis Barlier, Paris
  • 2016
    "La grande mer" Didier Lapène - Christine Viennet, Crypte Sainte Eugénie, Biarritz
  • 2019-2020
    Galerie Nicolas Deman, Paris

Expositions collectives

  • 1991 Chapelle des Beaux-Arts, Paris "Dessein d'après Poussin" Chapelle de la Sorbonne, Paris
  • 1994 Galerie France T, Paris "à l'école de Poussin
  • 1996 Galerie CROUS Beaux-Arts, Paris
  • 1998 Musée Bonnat "l'attirance du sud", accrochage par Jorge Semprun
  • 1999 Fondation COPRIM, Paris
  • 2001 ST'ART, Strasbourg, Galerie Francis Barlier
  • 2002-2004 Casa de Velazquez, Madrid
  • 2005-2007
    “Aqua”, Calleria Forni, Bologne, Italie
    Art Paris, Galleria Forni, Bologne,
    Axelle Fine Art, New-York, San Francisco
  • 2011 "Biennale Wasser", Bad Breisig, Allemagne
  • 2014 "Animal", musée des Beaux-Arts de Pau
  • 2016 « La grande mer », Didier Lapène, christine Viennet, crypte Sainte-Eugénie, Biarritz
  • 2017 les serres de la Milady. Biarritz
  • 2020 Musée des Beaux-Arts de Pau : ici commence le chemin des montagnes
  • 2021 Galerie Nicolas Deman
  • 2022 D-ART-A. Gallery: Marbella

Autour de l'exposition

Visites flash – Gweladenn flash
Visites flash de l’exposition en 15 minutes (compris dans le billet d’entrée).

  • Tous les jours, du 7 juillet au 28 août, à 15h et à 16h30.

« Les Paysages bretons : de la collection à Didier Lapène »
Dimanche 11, 25 septembre à 15h
6,50 €/3,50 € (tarif visite guidée incluant l’entrée) — E-réservation sur mbaq.fr

Journées du patrimoine — Devezhioù ar glad
à l’occasion de la 39e édition des Journées du patrimoine visitez gracieusement l’exposition.

  • Samedi 17 septembre de 9h30 à 12h et de 14h à 18h
  • Dimanche 18 septembre de 9h30 à 18h.

Didier lapene copiste — eilskriver

Rencontrez l’artiste absorbé par la copie de la « Veuve de l’Ile de Sein » d’Emile Renouf au rez-de-chaussée du musée, salle 1.

Jeune public

LES ARTISTES EN HERBE – ARZOURIENS GEOTET

7-12 ans Visite de l’exposition suivie d’un atelier d’art plastique
"La plage est grande". Les enfants jouent avec la couleur, les aplats, la composition sur les pas de l’artiste pour créer leur propre paysage.
Atelier conçue par la plasticienne Sylvie Anat, animé par un guide-conférencier.
Les mardis 12, 19, 26 juillet, 2, 9, 16, 23 août à 10h
2h – 3,20 € ou 2 tickets Atout-sport

L'heure des tout-petits – eur An bugaligoÙ

6-4 ans Visite ludique
"La mer a des reflets d’argent". Les enfants embarquent pour une visite de la mer d’Iroise. Ses horizons lointains font voguer les imaginaires. Quant aux marines de la collection, elles montrent aux plus jeunes visiteurs la diversité de représentations de la mer. On met les voiles moussaillon !
Les mardis 12, 19, 26 juillet, 2, 9, 16, 23 août à 11h
1h – 3,20 € ou 2 tickets Atout-sport

La mallette du peintre. molizenn ar c’hoarioù

En famille ou entre amis, empruntez la mallette du peintre à l’accueil du musée et parcourez l’exposition en faisant les différentes activités proposées.
Disponible à l’accueil – à retourner après utilisation.

Musée des beaux-arts de Quimper
40, place Saint-Corentin, 29000 Quimper
+33 (0)2 98 95 45 20
musee@quimper.bzh

Avril – mai – juin et septembre - octobre : tous les jours (sauf le mardi) de 9h30 à 12h et de 14h à 18h.
Juillet – août : ouvert tous les jours de 10h à 18h.

Suivez-nous sur mbaq.fr et les réseaux sociaux : @mbaqofficiel

TARIFS – priziou

Plein tarif : 5 €
Tarif réduit : 3 € (groupes à partir de 10 personnes, Passeport Finistère)
Gratuit : moins de 12 ans, demandeurs d’emploi ou bénéficiaires du RSA, publics en situation de handicap, carte ICOM, Amis des musées, carte presse