Traitement des eaux usées

Ouvrir un robinet est un geste ordinaire. Qui transforme l’eau potable en eau « usée », en déchet ? Que devient-elle alors ? On n’imagine pas la complexité de son trajet jusqu’à son rejet dans l’Odet, après retraitement par la station d’épuration du Corniguel.

Chaque Français consomme en moyenne 150 litres d’eau par jour. 7 % pour la cuisine et la boisson et le reste pour la vaisselle, le linge, l’entretien de la maison, la toilette, les sanitaires, l’arrosage.

Sauf pour les usagers qui disposent d’un mode d’assainissement individuel, tout part de la maison dans un seul tuyau « privé », qui se trouve raccordé au domaine public, en général au niveau des trottoirs.

C’est là que Quimper Bretagne Occidentale commence à intervenir : elle est propriétaire du réseau de collecte et du traitement des eaux usées. Elle en a confié le fonctionnement et l’entretien à la société Saur, qui gère aussi les relations avec la clientèle.

La station d'épuration du Corniguel

La station d'épuration du Corniguel La station d'épuration du Corniguel se trouve sur le bord de l'Odet.Photo : Jean-Jacques Banide

La station d’épuration, inaugurée en 2003, est discrètement intégrée dans le paysage, tout au bout de l’avenue du Corniguel, face à la baie de Kerogan.

Elle reçoit les effluents des communes de l’agglomération (sauf Plogonnec et Locronan qui ont leurs stations d’épuration et 6 884 foyers qui disposent d’un assainissement individuel). 70 000 habitants sont ainsi raccordés. S’y ajoutent les industriels implantés sur le territoire de l’agglomération, ainsi que ceux situés dans la zone d’activités de Troyalac’h à Saint-Evarzec, où se trouve notamment l’entreprise Monique Ranou.

Les industriels représentent l’équivalent de plus de 100 000 habitants. Cela équivaut à 17 000 m3 d’eau traitée par jour, soit 20 piscines.

La station est calibrée pour 250 000 équivalents habitants. Sept salariés la font tourner : un chef d’usine, une chimiste, quatre techniciens et un électromécanicien.

Ils bénéficient du soutien d’intérimaires dont certains ont déjà travaillé au Corniguel dans le cadre de parcours d’insertion.

Leur responsable est Ronan Le Saec, chef de secteur de la Saur sur Quimper Bretagne Occidentale. L'équipe est réactive, deux personnes sont de permanence 365 jours par an, 24h/24.

La station d'épuration du Corniguel La station d'épuration du Corniguel se trouve sur le bord de l'Odet.Photo : Jean-Jacques Banide

Une dizaine d’étapes dans l'épuration des eaux

À 8h30, c’est le bilan de la nuit. Tout au long de la journée, les analyses se multiplient : le fil eau (prélèvements) et le fil boue (déchets) ainsi que les vérifications du bon état des équipements. On ne compte pas moins de 250 pompes !

En 2013, une station de déphosphatation a été mise en service afin d’améliorer la qualité des rejets. Les investissements sur le site sont réguliers (800 000 € en 2014).

Station d'épuration du Corniguel Station d'épuration du Corniguel : les analyses de l'eau et des boues se multiplient tout au long de la journée.Photo : Jean-Jacques Banide

À son arrivée, l’eau brute passe par un dégrilleur-désableur qui arrête les déchets les plus volumineux, les graisses et les sables. Les sables seront lavés et réutilisés dans l’industrie.

Un décanteur récupère les matières denses. Ensuite, la pollution dissoute est traitée par voie biologique dans deux grands bassins de 12 500 m². Le principe ? La mettre au contact de micro-organismes (bactéries), auxquels elle sert de nourriture. On active les bactéries en injectant de l’oxygène. Les nitrates sont transformés en azote gazeux, les phosphates (présents notamment dans les lessives) sont également traités.

Puis les boues sont récupérées dans le fond d’un clarificateur de 40 mètres de diamètre. Il reste alors à laisser reposer l’eau épurée dans un bassin et à la rejeter dans l’Odet à marée haute, avec une amplitude de deux heures avant et deux heures après.

Cette eau de sortie est contrôlée tous les jours, et même si elle n’est pas considérée comme potable, sa qualité est « excellente » au regard des obligations réglementaires.

Les boues, productrices d’énergie

Les installations de la station sont vérifiées régulièrementVoir l'image en grand Les installations de la station sont vérifiées régulièrement comme ici en novembre 2015.Photo : Jean-Jacques Banide

Tout cela paraît presque simple… Oui, mais il reste à traiter les boues stockées au cours des différentes étapes, dont on a limité au maximum les quantités.

D’abord on les épaissit, puis dans le digesteur, priorité à nouveau aux bactéries qui les transforment en biogaz. On retire de ce biogaz de l’énergie qui alimente… la station. L’excédent est pour l’instant brûlé à l’aide d’une torchère, mais à partir de fin 2016, il sera injecté sur le réseau de GRDF.

Deux centrifugeuses entrent en action ; l’eau extraite est recyclée sur la station et les dernières boues sont incinérées à l’usine de Briec (Sidepaq), soit 8 000 tonnes en 2014, dont 1 000 ont été valorisées en épandage agricole.

Et côté nuisances alentour ? Tout ce qui est susceptible de générer des odeurs est confiné, mis en dépression et l’air vicié est désodorisé avant d’être rejeté. Les équipements bruyants se trouvent dans des locaux insonorisés.

Les rendements de la station sont très bons, de l’ordre de 99 %, ce qui est au-delà des exigences de la réglementation. Ainsi la station d’épuration est-elle respectueuse de l’environnement à toutes les étapes et ce, grâce également à un réseau d’assainissement performant.

Reste à ne pas oublier que c’est la collectivité tout entière qui dépollue ce que chaque citoyen a pollué. C’est donc bien en amont, chez soi, que l’on doit d’abord agir… en fermant un peu plus rapidement les robinets !

Toilettes pas poubelles !

Les débordements liés aux « bouchons » de notre réseau d’eaux usées sont courants. Le coût de l’intervention : de 250 à 1 000 €, sans compter les odeurs nauséabondes, le mobilier endommagé, le réseau indisponible et le risque de pollution dans le milieu naturel.

Ce que nous pouvons mettre dans nos réseaux d’eaux usées :

  • produits d’entretien
  • savon, gel douche, shampooing

Et c’est tout !

Ce qu’il ne faut surtout pas jeter :

  • lingettes
  • tampons, serviettes
  • préservatifs
  • cotons-tiges
  • litière de chat
  • graisses et huiles usées
  • restes de peinture, vernis,
  • solvants, décapants divers,
  • médicaments,
  • produits phytosanitaires (pesticides ou herbicides).

Pour tous les produits toxiques, il existe des circuits de récupération (déchèterie, pharmacie).

Chez les particuliers, suite du contrôle des installations

Quimper Bretagne Occidentale souhaite éviter que, en cas de raccordement inapproprié, les eaux usées aillent dans le réseau d’eaux de pluie (risque de pollution des rivières). Et que les eaux de pluie aillent à la station d’épuration (eaux parasites).

C’est pourquoi vous avez reçu à votre domicile, ou vous allez recevoir la visite d’un technicien de la Saur, qui effectue l’analyse de votre installation. Plus de 17 000 diagnostics ont déjà été réalisés, 88 % des installations sont conformes.